Spassiba


Comme tous les matins, ma tasse de café à la main, j’ouvre l’application des actualités. Comme tous les matins, je fais défiler sur l’écran la guerre, la crise économique, les incendies, les agressions sexuelles, les transferts juteux des footballeurs masculins… Comme tous les matins, je me demande pourquoi je m’entête à me tenir informée de la marche d’un monde qui boite. 
M’apprêtant à refermer la page, mes yeux sont attirés par ces noms exotiques et imprononçables : Uglegorsk, Sakhaline, Okhotsk. Au fond, c’est peut-être pour ça que je continue à lire les infos : pour ces mots inconnus, et tout ce qu’ils ouvrent, cachent, gardent.
Je lis. 
Ça parle d’une petite fille, surprise par une tempête en sortant de l’école. Les tempêtes, en Sibérie, ça doit être terrible, pas comme chez nous où l’on s’affole pour trois flocons. Une tempête telle que la gamine n’a pas pu rentrer chez elle. Les secours ont été déployés. On l’a cru perdue, morte peut-être. Qui peut survivre à un froid pareil, des températures où les larmes gèlent avant de couler ?
C’est là qu’arrive le chien. Un chien errant dit l’article. Un chien qui n’a même pas de nom. Et c’est grâce à lui qu’elle a survécu, la petite Vika, blottie contre sa chaleur pendant 18h. Elle a été retrouvée vivante. 
Enfin une histoire qui finit bien. Mais non, pas tout à fait Les journalistes font leur travail de journalistes. Moi, je me dis que ce chien mérite bien un nom. Les hommes continuent à s’étriper, à détruire la planète, à laisser d’autres hommes se noyer dans la mer. Un chien sauve une petite fille. Alors ce sera « Spassiba », Merci …

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