Chemin de traverse



Elle sourit sans ses dents, et pourtant ses yeux brillent. La rue elle l’a connue, et quand elle dit « dehors » sa voix appuie sur « hors ». Hors des murs, hors du monde. 

Elle me raconte une histoire de ce temps là, avant qu’elle « sorte » de « dehors », avant qu’elle ait un toit : tous les matins, il fallait appeler le 115 pour réserver une place, pour dormir sur un lit de camp, dans une cabane de chantier. Il se trouve que ce lieu se situe au croisement d’une route et de la voie ferrée : c’est pourquoi on l’appelle « Chemin de traverse ». 

Alors elle sourit et me dit : « Pour se donner du courage, on pensait à Harry Potter. On se disait que nous aussi, on passerait à travers les murs, comme par magie, vers une autre vie. » 

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