Imaginaissance



Dans la cour vide, les mots résonnent. 


Février : les feuilles sont tombées des arbres, pour atterrir sous ma plume. Elle suit les lignes qui s’alignent sur le bitume, et sur un cahier à petits carreaux.

C’était les mardis soir, au deuxième étage. De l’autre côté des fenêtres, on brisait les rangs, on traçait un cercle : un cercle de poètes en herbe. 

On attrapait des mots dans des filets d’encre : on les inventait (imaginaissance), on les égrenait, on les livrait au hasard, comme des cadavres exquis. 

La nuit tombait, pendant qu’on balbutiait des histoires aux titres épiques, comiques, historiques : « Jurassik’s attack », « 157 jours », « Avec une poubelle pour témoin »... 

Penché.e.s sur le papier, on plongeait dans l’ailleurs, comme cette héroïne exhumée : « Tout en beurrant sa tartine, Aurore écoutait distraitement la passionnante histoire du Roi Arthur. Soudain, elle sentit des fourmis dans tout son corps, et fut aspirée à travers la radio »

Un jour, à l’aide d'une formules latine (« Sacer Liber… »), on a même infiltré le monde des livres. On a ouvert des portes dans les arbres, et oui, j’ai enfin visité Poudlard. 

On inventait nos vies, on éclairait les pages de rêves inédits. 

Après le point final, on assemblait les feuillets imprimés. Nos noms étaient écrits en petits caractères noirs sous le titre, on devenait des auteurs et des autrices.


La cour est vide, aujourd’hui c’est dimanche. J’ai traversé le temps. Mon encrier est plein de mots, et la cour me les renvoie en écho. Alors je les remets en jeu.

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