Il était une fois

 



J’ouvre la boîte. Pièces éparses. A l’endroit, à l’envers, et de toutes les couleurs. 

Comme ma grand-mère me l’a appris, je commence par trier. Je sépare les pièces qui ont un bord droit des autres, creuses et bosselées. Il parait qu’il faut d’abord tracer le cadre. Mais pour une fois, je décide de faire autrement. J’assemble au gré des formes et des nuances, je déjoue les pièges des lignes, je mets l’envers à l’endroit, et l’endroit à l’envers. 

Petit à petit, je vois apparaître la porte d’une armoire magique. 

Je l’ouvre. 

A l’intérieur, une à une, je continue de relier les pièces. 

Les plus poussiéreuses sont celles de l’enfance. Les livres, depuis longtemps refermés, quelle qu’en soit la fin. Les soldats miniatures veillent sur les secrets qu’ils gardent. Le bateau pirate est prisonnier d'une boule à neige. Sur le papier glacé des photos, des visages qui n’ont pas vieilli observent le décor. Je suis leurs regards, un peu plus loin au fond de l’armoire, derrière les robes presque neuves sous leur housse de plastique. J’écarte les tissus et les rideaux du temps. Il y a encore des trésors cachés au-delà. 

Dans un petit bocal de verre au couvercle de liège, des cailloux. C’est l’histoire du Petit Poucet qui remonte la piste, et il ne sait plus ce qui l’attend au départ. J’ouvre, et prend le premier qui vient. C’est un galet lisse et ovale, en nuances de gris. Sans doute vient-il d’une de ces plages du Nord, longtemps caressé par les doigts de l’écume, avant d’atterrir entre les miens. Il est au creux de ma paume. Je le regarde. Je tends l’oreille. 

Alors, il me raconte une histoire. 

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